23.3.10

De droite à gauche me lirez-vous.

Je me réveille dans une suite présidentielle, il est 8h00 du matin. La
nounou s'occupe de mes enfants. J'appelle le room service pour
commander un petit déjeuner complet, viennoiseries fines, jus de
fruits frais délicieux, et de nombreuses gourmandises salées. Je ne
toucherai qu'à la moitié, du bout des levres. Dans le lit king size à mes côtés
s'étire mon mari, acteur de renommée internationale. Il ne me touche
plus qu'à moitié, du bout des lèvres. Je devrais envisager à
nouveau quelques injections de botox pour reprendre une activité
sexuelle normale.
Mes enfants arrivent, déjà habillés, préparés. La limo est en bas,
pour les conduire a l'école. Je les embrasse.
Je suis une mère
formidable.
Je passe un ensemble à trois milliards de dollars, Chanel ou Dior,
peu importe l'étiquette pourvu que cela brille l'indécence.
Finalement
je n'ai pas faim. Je renvoie la table et me fais un petit rail de coke
à la place. Il est vrai que je dois penser a ma ligne. Déjà que mon
mari ne me touche plus, encore faudrait-il que je continue à décrocher des
contrats.
Mon staff de maquilleurs/coiffeurs arrive. Ils vont mettre quasiment
deux heures à me transformer en bombe sexuelle. En effet, 20 ans de
drogue et d'alcool m'ont rendue laide, creusée, ridée. Amorphe.
Déformée. Informe. Effacée.

(...)

On dit de moi dans les journaux que mon regard se perd dans le vide
durant les interviews.
Bien sûr, je suis un peu conne, mais j'ai une
île privée et plusieurs résidences de luxe à travers le monde. Alors
je me fiche d'être idiote. Ceux qui regardent mes films le sont tout
autant.
Ah oui, il faut être vraiment très con pour voir mes films.
Me voilà prête. Ma styliste me conseille sur une tenue mi-pute mi-
soumise dont elle seule a le secret.
J'ai une heure de retard sur mon
planning. Qu'ils attendent donc, ces gueux. Qui sont-ils? Des
journalistes, des attachées de presse, des maquilleurs, une équipe de
télévision? Des riens du tout. A mes pieds ils sont et seront. Et bien
sûr, avec le sourire. Sinon je fais un caprice.
Je commence les interviews. Je minaude, je souris timidement, on me prend
pour quelqu'un d'adorablement charmant.
Qu'ils sont niais.
Qu'ils sont
manipulables. Je fais des pauses interminables, je commande du
Champagne hors de prix et je me plais. Je râle pour la forme.
Je décide que ma journée est finie. J'ai un creux alors je me
repoudre le nez.

Je suis une actrice.

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