23.2.10

Keep your fucking hand down in lectures, no one cares.

Tapis dans l’ombre, il attend sa délivrance : le début du cours. Le fourbe, il n’attendait que ça, la lumière de la salle de classe ou de l’amphithéâtre, les bancs de la fac moelleux sur lesquelles vont s’abattre fatalement ses fesses flasques de LECHE-CUL.

Le lèche-cul, aussi appelé premier de la classe, ou binoclard-qu’on-voudrait-tous-frapper, n’est pas une espèce en voie de disparition. Pour avoir maintenant une solide expérience de la salle de cours, en étant à ma sixième année où je traîne aussi mes fesses (pas flasques, merci) sur les bancs de la fac, je peux vous assurer que l’espèce n’est malheureusement pas en voie d’extinction. Voyons plus en détails comment se déroule la vie d’un lèche-cul.



Le matin : cuisine d’un pavillion de banlieue (avec golden retriever)


Le lèche-cul a un pyjama Superman, car Superman est son héros à lui. Superman est en réalité un petit garçon pas très beau, extraterrestre de surcroît, qui se sent rejeté par ses pairs. Mais Superman a des super pouvoirs, et le lèche-cul aussi: le pouvoir de nous casser les couilles par le simple fait de lever sa main en classe pour nous étaler son savoir ou poser des questions toutes aussi inutiles que les autres.

Le lèche-cul est heureux quand c’est le matin : il va bientôt partir à l’école, il enfile son cartable, non sans avoir oublié d’y ranger tous ses devoirs correctement rédigés. La personne normale (prenons au hasard, moi), aura raté son réveil pour cause de soirée trop arrosée la vieille. Le lèche-cul n’a pas ce genre de soucis, puisqu’il n’est pas invité à des soirées.



Une journée de cours ordinaire : lécher le cul de ses professeurs avec grand soin


Le lèche-cul a une trousse Superman, car Superman est son héros à lui. Il prend soin de s’asseoir tout devant, au premier rang, la table collée à celle de son professeur. La personne normale (prenons au hasard, moi), aura pris soin de s’installer tout au fond (c’est que là qu’y’a des prises pour brancher l’ordi, c’est pas ma faute déjà d’abord, mais euh).

Le lèche-cul se sent obligé de faire des interventions, toujours totalement sans fondements, pour montrer qu’il suit le cours. Le lèche-cul se sent obligé de rire aux blagues ratées du professeur, et je le soupçonne même parfois d’y rire franchement. Il ne se sent pas isolé, non, ses amis sont ses professeurs. Il parle avec eux à la fin du cours, et trouve toujours des sujets de discussion improbablement intéressants : le prochain examen, des questions supplémentaires, des approches sur le prochain cours.



Soir, chambre de vingtenaire : quand le professeur n’est plus là


Le lèche-cul a des draps Superman, car Superman est son héros à lui. En rentrant de classe, le lèche-cul n’a pas le temps, il doit faire ses devoirs, des recherches pour ses prochains cours, et avancer dans ses dossiers. Il établit également des fiches de révisions pour chacun de ses cours, seule chose pour laquelle il est envié par ses camarades à l’approche des examens de fin d’année. D’ailleurs ces fiches sont souvent la seule occasion pour lui d’être abordé par les jolies filles du lycée, qui miraculeusement lui adressent la parole pour les lui emprunter.

Le lèche-cul a pour nécessité de montrer qu’il sait, qu’il a appris le cours, qu’il a une opinion et des idées. Le lèche-cul aime répondre quand le prof pose une question, même s’il n’est pas sûr de la réponse. Le lèche-cul n’a pas encore bien compris pourquoi il est toujours le seul à participer en classe. Souvent, tous les autres élèves font la tête et ont l’air ailleurs. Il ne comprend pas, le cours et le professeur sont « tellement » intéressants. C’est ce qu’il raconte tous les soirs à sa figurine Superman avant de s’endormir.

La personne normale (prenons au hasard, moi), est bien trop occupée à boire un mètre de téquila.



La nuit : là où les rêves se réalisent

La nuit, le lèche-cul rêve qu’il est Superman, car Superman est son héros à lui. Mais il trouve que Superman est parfois trop superficiel, à s’intéresser à Loïs et à sauver les gens, toussa. Pourquoi Superman ne retournerait-il pas sur les bancs de la fac ? D’ailleurs, Superman est-il diplômé ? Le lèche-cul se promet de vérifier, et d’éventuellement se trouver un autre héros.

Mais dans tout ça, le lèche-cul est bien embêté, il se réveille, trempé.

« J’ai encore rêvé d’elle… Et merde, et les draps s’en souviennent… »

Oui, le lèche-cul est amoureux. C’est une fille toujours assise au fond de la classe, avec l’air mystérieux (en réalité, elle dort, mais ça le lèche-cul ne le sait pas, il est trop tout devant pour remarquer ses ronflements). Elle est toujours cachée derrière son ordinateur, et elle fume des cigarettes à l’inter-classe. Il a même entendu qu’elle buvait de la téquila le soir dans les bars. Le lèche-cul la trouve terriblement sexy, et il a même du à une fin de cours rester à sa place plus de dix minutes, car il lui était impossible de se lever sans risquer un renvoi de son école pour cause d’atteinte à la pudeur.

Alors le lèche-cul en a assez de rêver d’elle chaque nuit, et de salir les draps. Il prend la décision qui va changer sa vie : il va séduire la fille mystérieuse.



Une journée de cours non-ordinaire : comment retourner sa veste de lèche-cul

Le lèche-cul a un comic-book de Superman avec lui en cours, car Superman est son héros (il se tape Loïs, qui est quand même sacrément bonne). Alors, le lèche-cul veut lui aussi avoir une chance avec la fille mystérieuse. Il met des lentilles à la place de ses binocles, et oublie le short + converses multicolores + polo orange à logo étrange, pour un style plus classique : t-shirt, jean, baskets. Pas très charismatique, mais il doit d’abord se fondre dans la foule pour approcher sans se faire attraper.

Le lèche-cul tente le tout pour le tout, il s’asseoit vers le milieu de la classe. Au début il se sent perdu, mais bien vite il trouve que le milieu de classe est plutôt sympa : ça y parle de sexe (concentration, ne pas devenir tout dur mon lèche-cul !), de soirées arrosées, de ragots terriblement gênants à l’égard des professeurs (Mademoiselle Hubert s’est faite fourrer comme une dinde ?!? ), et ça y parle également de la fille mystérieuse, qui, le dit-on, est célibataire… En une journée, le lèche-cul apprend plein de choses intéressantes. Et d’ailleurs, se fait-il la réflexion, il aura plus appris qu’en une journée de cours. Eh oui, aujourd’hui, le lèche-cul aura été à l’école de la vie.



Soir, bar à téquila : le lèche-cul devient un homme

Le lèche-cul n’a plus Superman pour héros. Il est bourré comme un coing, a plein de nouveaux amis totalement saoûls comme lui, et a pu s’approcher de la fille mystérieuse.

Comme la fille mystérieuse n’est pas farouche, elle l’emmène dans les toilettes. Malheureusement, le lèche-cul ne tiendra pas jusque là, il lui aura vomi sur les chaussures avant d’avoir pu ouvrir sa braguette.


Mais le lèche-cul n’en est plus un, il est devenu une personne normale (prenons au hasard, moi). Il continuera à arriver en retard en cours et à passer des soirées gravement trop alcoolisées. Et il finira pas se taper méchamment la fille mystérieuse. FIN.

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